Est-ce qu’un jour, les balades en forêt seront prescrites sur ordonnance ?

Publié le : 30 mars 20218 mins de lecture

« Faire 30 minutes d’activité physique par jour », « boire 1 verre ça va, 3 verres, bonjour les dégâts », « manger 5 fruits et légumes » : à quand l’injonction « aller en forêt 20 minutes par jour » ? Parce qu’on est 80 % en France à habiter dans les villes, on est autant de déconnectés de la nature. Pourtant, on ressent tous le besoin de s’y ressourcer : on achète des plantes pour transformer nos salons en jungle d’intérieur et des bougies senteur pin pour imiter les odeurs des grands arbres. Et si, pour profiter des bienfaits de la forêt, on y allait vraiment ?

Faire des câlins aux arbres, ça sert à rien ?

A défaut de se rendre en forêt, on peut faire venir la forêt à nous. En ville : les projets de « forêt urbaine » sont de plus en plus intégrés aux politiques de planification urbaine. À New York en 2007, le maire Michael Bloomberg a fixé comme objectif la plantation d’un million d’arbres d’ici 2020 pour lutter contre le changement climatique et améliorer la qualité de vie de tous les New-Yorkais. Apparemment, les arbres nous font du bien. Au Japon, c’est confirmé, des recherches scientifiques ont mis en évidence que certaines substances libérées dans l’air par les arbres boostaient le système immunitaire de l’Homme et le Ministère de l’Agriculture, des Forêts et de la Pêche du pays reconnait officiellement les bienfaits du contact avec la nature depuis 1982. En France, les préjugés sont coriaces, la sylvothérapie est souvent réduite à des pratiques new age de reconnexion avec la nature en embrassant des arbres. Pourtant Laurence Monce, naturopathe et sylvothérapeute, nous affirme : « je n’ai jamais fait de câlins aux arbres, ce n’est absolument pas ce qui m’intéresse ». Alors la sylvothérapie, qu’est-ce donc au juste ?

Les bienfaits de la forêt sur la santé

« Un bain de forêt nous rend moins stressé, plus heureux, plus résistant et nous aide à dormir » nous explique Laurence Monce. En effet, lorsqu’on est en forêt, la tension artérielle baisse, la pulsation cardiaque se régule et la production des différentes hormones fluctue : quand le niveau de cortisol et d’adrénaline, les hormones de stress, diminue, la quantité de dopamine et d’endorphine, les hormones de bien être, augmente. Résultat : on se sent bien.

« Un bain de forêt nous rend moins stressé, plus heureux, plus résistant et nous aide à dormir »

Par ailleurs, sous les arbres, on respire des phytoncides. Ce sont des molécules volatiles que les bouleaux, les peupliers, les eucalyptus et les pins maritimes produisent en quantité et qui leur permettent de se protéger des bactéries et des champignons. « En respirant ces molécules, on bénéficie nous aussi des propriétés antibactériennes et antiparasitaires qu’elles diffusent. Nos défenses immunitaires sont donc renforcées, d’autant plus qu’on développe des Natural Killers (NK), des globules qui interviennent de façon curative ou préventive sur certaines maladies, notamment les cancers. Même s’ils ne guérissent pas à eux seuls, ils participent grandement à aller mieux » développe notre interlocutrice. Et puis, on assimile des terpènes, par la voie olfactive ou cutanée. Ce sont des composants de la résine des arbres, responsables des odeurs. « Ils ont des actions stimulantes, sédatives, anxiolytiques, antidépressives, décongestionnantes ou encore digestives. La cannelle a une action réchauffant par exemple, alors que le menthol a une action analgésique. C’est donc comme l’aromathérapie que l’on pratique chez nous, mais en milieu naturel.»

Le bain de forêt bientôt sur ordonnance ?

Au vue de ses bienfaits sur le moral et sur l’organisme des hommes, les médecins prescriront peut-être un jour des cures de forêt. « Il me tarde de voir des médecins avoir leur salle d’attente dans une clairière et leurs bureaux sur un tronc. Ca me semble essentiel, et rien que ça aurait déjà des bénéfices thérapeutiques » nous livre Laurence Monce, avant d’ajouter : « je suis plutôt optimiste, de nos jours beaucoup de médecins prescrivent des séances de sport à leurs patients, j’espère bien que la sylvothérapie sera bientôt elle aussi sur les ordonnances. »

« Il me tarde de voir des médecins avoir leur salle d’attente dans une clairière et leurs bureaux sur un tronc. »

La valeur ajoutée que cette science pourrait apporter en parallèle de la médecine traditionnelle est tout aussi intéressante : « C’est une médecine naturelle, qui peut être réalisée seule et donc gratuite, mais il est important, avant de démarrer, de faire quelques séances avec un praticien en sylvothérapie pour bien l’exercer. J’aimerais voir plus de professionnels de santé dans mes formations. Un cancer, par exemple, provoque un grand stress. Travailler avec les médecins, pourrait améliorer le potentiel d’une chimiothérapie. Les deux mis côte à côte, le résultat pourrait être extraordinaire. »

Bienfaisants mais absents de nos vies, on renoue avec les arbres ?

Qu’est ce qu’on fait ? 

On va en forêt ! « Allez-y au moins une fois par semaine parce qu’on se rend compte qu’au bout de 30 minutes il y a déjà des effets sur la santé » conseille Laurence Monce. « Quand on fait une sortie de deux heures en forêt, nous pouvons en ressentir les bienfaits pendant toute une semaine ! Après il faut faire des sorties en conscience, c’est-à-dire qu’il ne faut pas discuter d’autre chose avec un compagnon de promenade ! Ce que j’appelle une douche de forêt c’est 2 heures minimum de promenade. Un bain de forêt, c’est 2 jours d’immersion, et là on va profiter de ses effets pendant 3 semaines. » Pour s’organiser en toute simplicité, on peut se laisser guider par Helloways, l’application pour randonner en pleine nature près de Paris, Lyon et Bordeaux !

Pour Noël, on peut prendre un sapin en pot, plutôt que coupé, pour avoir l’effet des terpènes pendant 15 jours à domicile ! On peut par exemple adopter un sapin chez Treezmas qui s’occupe de récupérer votre sapin après les fêtes et s’engage à le replanter. Bon, bon, une grande partie des sapins ne survit malheureusement pas au passage dans nos pénates douillettes : entre le changement de température, la chaleur des chauffages ou des cheminées et la sécheresse de l’air intérieur, ils sont mis à rude épreuve. Mais si on le bichonne pendant ces quelques semaines, il peut tout à fait être réintroduit dans son élément naturel.

On part à le rencontre de Ces arbres qui nous veulent du bien en lisant l’ouvrage éponyme de Laurence Monce.

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